M. l’académicien Ioan Aurel Pop, président de l’Académie roumaine,
M. Emil Constantinescu, président de la Roumanie
Chères académiciennes,
Cher Basarab Nicolescu,
L’univers parisien m’a rapproché, à travers l’Académicien Basarab Nicolescu, de personnalités exemplaires de la pensée contemporaine, Lupasco, Eliade, Cioran, Ionesco, Brâncuși, mais aussi Thierry Magin, René Barbier, Edgar Morin, Boris Bobrinskoy, Nicolae Ozolin, John Breck, des sommités qui m’ont donné la chance de comprendre que nous apportons un savoir qui s’accomplit dans le con-savoir, de la même façon que la conscience, qui témoigne du fait que la vérité est dans, par, au-delà de nous, dans l’autre, parmi lequel nous nous accomplissons en fait dans Lui, dans la transcendance qui se cache là, ici, partout, comme un tiers mystérieux qui nous permet de concevoir la vérité de notre vie dans Lui.
De ces moments de rêverie contemplative, j’ai déduit que chacun d’entre nous ouvre son propre horizon dans l’horizon de l’éternité dans la mesure où nous pouvons et dans la mesure où la Parole nous manque. J’ai surpris Acad. Basarab Nicolescu dans l’innocence de l’enfant qui avait découvert la bibliothèque de ces ancêtres, sous la magie des mots qui le portaient par les différents niveaux de la réalité. Maintenant, après des années, je comprends mieux pourquoi, en faisant référence au livre du Thierry Magnin (Entre science et religion : Quête de sens dans le monde présent), il disait que le sacré s’estompe dans la création, mais, pour le retrouver il faut « l’aimer pour le comprendre » et pour voir qu’il a subi une mutation.
Pour donner suite à tels rencontres, j’ai aussi débuté, par l’approche du sacré chez Eliade, dans la période de naissance de l’école de transdisciplinarité de l’Université Babeș-Bolyai, puisque l’Acad. Basarab Nicolescu a été l’un de ses illustres professeurs et un citoyen d’honneur de la ville renommée Municipium Aelium Hadrianum Napoca à l’époque de Hadrian. Ici, il a semé ce germe destiné à faire aider les jeunes gens à se développer vers la connaissance intégrale, qui présente encore des fleurs de printemps téméraires au sein de la Faculté de Théologie Orthodoxe, où nous avons un séminaire transdisciplinaire et un cours de maîtrise appelé Dialogue Science-Religion, dont le but est de continuer les projets complexes de l’Association Roumaine pour le Dialogue entre la Science et la Théologie, en tant que humble signe de reconnaissance à celui qui nous a proposé une vision « trans », c’est-à-dire voire en même temps ce qui est entre les disciplines, à travers les différentes disciplines et au-delà de toute discipline, menés dans cet horizon de la vue du tout et du tiers mystérieux, vers l’unité de la connaissance. Je suis ainsi rentré dans la merveilleuse poésies, dans l’horizon de l’homme qui veut comprimer les chants de la Parole dans des épistèmes qui font la conquête de la transcendance ; c’est de cette façon que j’ai lu les « Théorèmes poétiques » et la « Cosmologie du jeux seconde ».
Quant à la révolte, je vais donner une minime explication, en partant de la description que l’Acad. Basarab Nicolescu fait de Michel Camus, notamment « qu’il était, sans le montrer directement, un vrai révolutionnaire. Il pensait, tel que moi, que la seule révolution qui avait du sens était celle de la conscience, une révolution métaphysique expérimentale qui touche l’être dans son ensemble » (Dans le miroir du destin). Oui, une révolution dans la sphère de l’humain intégral, une révolution quantique de la conscience, une révolution vers quoi ? Vers une quatrième dimension, vers ce qui attire Stelian Oancea (Exercices de mélancolie) ou René Barbier, André Chouraqui, Edgar Morin ou, mieux encore, Adonis – « ce type qui envoie / des pierres vers le ciel / … / enseigne-nous / ce qui tous murmures à l’espace … » – l’homme libre qui nous montre que, en scrutant l’horizon, on apprend la révolution de la conscience où on décèle les chants de la Parole en tant que niveaux de la réalité, dans laquelle le sacré est ce qui unit les êtres et les choses et qui sème dans les profondeurs de l’être humain le sentiment de respect total vers les altérités unies par la vie commune, par une seule et même terre, car la vie suit à la Vie.
Ce niveau je le supposerais lié de manière testamentaire au champ de l’amitié pour pouvoir esquisser avec Acad. Basarab Nicolescu la genèse de la révolution de la conscience, au moins dans le miroir du rêve, car, pendant toutes ces années, nous avons pu collectionner beaucoup de dons, menés à illuminer l’être, qui continue d’avancer vers la réciproque du théorème qui dit que « la conscience sans science n’est que la ruine de l’âme » (Théorèmes poétiques).
Un projet est le fruit de la rencontre des gens dans la connaissance et dans le désir de créer un monde dominé par la passion de la connaissance non fragmenté, au-delà de laquelle commence le kairos de la vue face à face, comme jeux second de Sa révélation. De tels rencontres ont eu lieu à Cluj-Napoca entre l’Acad. Basarab Nicolescu et les célèbres universitaires clujois – Andrei Marga, Vasile Pușcaș, Virgil Ciomoș, Mircea Muthu, Corin Braga, Ruxandra Cesereanu, Ioan Chirilă, Mircea Bertea, Horia Bădescu, Mircea Borcilă, Nicu Păun, Ladislau Gyemant – ce qui a mené à la création du programme d’études doctorales de transdisciplinarité à la Faculté d’étude européennes, qui a engendré un nombre impressionnant de chercheurs de la connaissance intégrale. C’étaient des années merveilleuses d’expériences vécues dans le miracle de l’amitié sur le chemin infini des découvertes qui nous libèrent du formel ; je pense à Gilbert Durand, mais aussi aux contributions de l’Acad. Basarab Nicolescu dans le cadre du programme Fantasma, dont je décélérais seulement une expression, qui rapprochent H. Poincare et J. Hadamard de nous, comme argument du fait qu’ « il y a un certain regard qui voit là où la conscience de garde est aveugle. Paradoxalement, l’effort logique conscient bloque la voie de ce regard et, lorsqu’il cesse, l’information tant désirée survient instantanément […] (et) ce qui va vus choquer au début c’est les apparences d’illumination subite… » (Dans le miroir du destin). Quelle interaction merveilleuse ; c’est l’une des quatre, mais c’est forte et elle fait que la lumière de la Lumière nous couvre, car « le Soleil est le symbole de la lumière de l’Évidence Absolue… la lumière de la lumière ».
C’est à cette compréhension et connaissance intégrale que Basarab Nicolescu m’a mené par notre voyage ensemble dans l’Université Babeș-Bolyai ; il m’a mené de nouveau au sacré de Eliade, à « L’Échelle » de Jean Climaque, à la préoccupation gnostique et à la nécessité d’être ferme dans la confession de foi vers ma propre fortification et vers l’illumination d’autrui, il m’a rapproché de Lui lorsque j’ai eu la révélation de Le chercher en nous, dans le mystère de l’amitié.
Des projets, des subventions, des cours, des séminaires, des volumes, de belles nouvelles gens, du désir d’éternité, de concision et d’unicité de la Parole et beaucoup d’autres dons de l’Annonciation, un jour où je lui souhaite un continu développement vers l’heureuse découverte de l’avènement incessant de l’éternité.
Je vais conclure mon message anniversaire avec une idée inspirée par L. Blaga, les traces duquel l’Acad. Basarab Nicolescu a cherché à Lancrăm, notamment : « je n’écrase pas la corolle, mais je m’émerveille de l’ouverture vers nous d’un esprit dominé par la recherche du Tout, qui jette vers le ciel le murmure de ses désirs de Lui ».
Bon anniversaire, illustre académicien honorifique Basarab Nicolescu !